Un constat alarmant qui appelle une mobilisation collective
En France, pays de la gastronomie, seul un tiers des enfants déclarent aimer la cantine de leur école. Principale raison de ce désamour : ils n’apprécient pas les repas qui leur sont servis. Plus préoccupant encore, selon l’enquête IFOP 2024 pour l’Association de l’Alimentation Durable, seul un quart des enfants finissent systématiquement leur repas à la cantine. Parmi ceux qui ne le terminent pas, 82 % invoquent le manque d’appétence pour les plats proposés, et 68 % se sont déjà rabattus sur le pain faute de mieux.
Ce paradoxe est d’autant plus problématique que pour de nombreux enfants, le déjeuner scolaire constitue l’unique repas équilibré de la journée. Malgré les avancées législatives introduites par la loi EGalim, de nombreuses cantines peinent à transformer leur offre pour répondre aux enjeux nutritionnels, éducatifs, environnementaux et de satisfaction des usagers.
La cantine : un levier stratégique aux enjeux multiples
La restauration scolaire dépasse largement sa fonction alimentaire. Elle constitue un espace éducatif stratégique aux multiples dimensions :
Santé publique : prévention de l’obésité infantile, lutte contre les carences nutritionnelles, acquisition de comportements alimentaires favorables à la santé tout au long de la vie.
Éducation alimentaire : découverte de la diversité des aliments, éducation au goût, compréhension des enjeux nutritionnels, développement de l’esprit critique face aux messages marketing.
Justice sociale : garantie d’accès à une alimentation de qualité pour tous les enfants, indépendamment de leur milieu socio-économique, réduction des inégalités alimentaires.
Transition écologique : sensibilisation à la saisonnalité, valorisation des circuits courts, réduction du gaspillage alimentaire, éducation à la sobriété.
Cohésion territoriale : soutien aux producteurs locaux, ancrage territorial par le développement de filières alimentaires de proximité, création d’emplois non délocalisables.
Lien social : temps de partage convivial, apprentissage du vivre-ensemble, transmission de valeurs collectives autour du repas.
Face à ces enjeux transversaux, l’inaction n’est plus acceptable.
Un Manifeste pour transformer la restauration scolaire
À l’approche des élections municipales de 2026, l’Association de l’Alimentation Durable lance une mobilisation inédite pour faire du bien manger à l’école une priorité politique et citoyenne. Sous l’impulsion de Marie-Pierre Membrives, professionnelle de l’alimentation, maman engagée, fondatrice du mouvement « Cantines Rêvolution » et autrice de l’ouvrage de référence Mission cantines scolaires, et avec l’expertise méthodologique d’Émilie Orliange, présidente de l’Association et spécialiste du déploiement de projets alimentaires territoriaux, un « Manifeste pour le bien manger à l’école » est aujourd’hui proposé aux candidats municipaux.
Ce texte d’engagement se distingue par son pragmatisme : il ne s’agit pas d’une énième liste de bonnes intentions, mais d’un corpus de 10 propositions concrètes, éprouvées sur le terrain et immédiatement applicables dans les communes de toutes tailles. Ces propositions ont été élaborées en concertation avec des organisations de la société civile et validées par de nombreux professionnels de l’alimentation, de la santé, de l’éducation et du développement durable.
1. Concertation et co-construction
Mettre en place une approche concertée impliquant l’ensemble des parties prenantes : enfants, parents, cuisiniers, agents de restauration, animateurs, ATSEM, équipes éducatives. Consultations, commissions menus et commissions restauration scolaire deviennent des instances incontournables pour co-construire un projet fédérateur.
2. Sanctuarisation et tarification sociale
Sanctuariser l’offre de restauration dans toutes les écoles et maintenir ou instaurer une tarification sociale adaptée aux revenus des familles, pour garantir l’accès universel à la cantine en dépit des contraintes budgétaires.
3. Conception des menus
S’appuyer sur un professionnel de la nutrition pour élaborer des menus équilibrés, adaptés aux besoins des enfants et conformes au cadre réglementaire, en tenant compte des enjeux gustatifs, nutritionnels et budgétaires.
4. Approvisionnements de qualité et durables (EGalim)
Atteindre ou dépasser les objectifs EGalim en visant 100 % d’approvisionnements de qualité et durables, avec une part maximale de produits issus de l’agriculture biologique, et communiquer les résultats de manière transparente.
5. Aliments ultra-transformés et « fait maison »
Éliminer progressivement les aliments ultra-transformés (AUT) et privilégier la préparation à partir de produits bruts, frais et de saison, que ce soit sur place ou en cuisine centrale, pour garantir qualité nutritive et éducation au goût.
6. Sortie du plastique (EGalim)
Mettre fin à tous les contenants et ustensiles à usage unique (plastique, cellulose ou autres matériaux) et à tous les contenants réutilisables en plastique destinés au service et à la consommation. Les remplacer par des matériaux inertes pour protéger la santé des enfants contre les perturbateurs endocriniens.
7. Satisfaction et lutte contre le gaspillage
Mettre en place une évaluation de la satisfaction des enfants vis-à-vis des repas servis, ainsi qu’un plan de lutte contre le gaspillage alimentaire avec suivi de progression et communication transparente des résultats. Exemples de mesures probantes : portions personnalisées, fruits découpés, pesée différenciée, évaluation quotidienne par les enfants, solutions digitales d’analyse des restes.
8. Approvisionnements locaux de qualité
Identifier et accompagner les producteurs locaux en capacité d’approvisionner les cantines avec des produits de qualité et durables, idéalement en approvisionnement direct, y compris les artisans boulangers locaux. Étudier la faisabilité d’une ferme publique sur le territoire communal pour fournir les cantines et servir de terrain d’éducation alimentaire.
9. Végétalisation des menus
Respecter l’obligation d’un menu végétarien hebdomadaire et instaurer un deuxième menu végétarien ou une alternative végétarienne quotidienne, tout en assurant la formation du personnel et l’accompagnement des familles vers une alimentation plus végétale, levier de santé publique, de climat et d’optimisation budgétaire.
10. Formation et sensibilisation à l’alimentation saine et durable
Mettre en œuvre un programme de sensibilisation des enfants et de leurs familles, ainsi qu’un plan de formation des cuisiniers, agents de restauration, animateurs, ATSEM et équipes éducatives aux enjeux de l’alimentation durable. Ce programme doit être co-construit, scientifiquement validé, évalué dans la durée et largement partagé.
MUNICIPALES 2026
ENSEMBLE, MOBILISONS-NOUS POUR LE BIEN MANGER À L’ÉCOLE !
Un triple appel à l’engagement
Le Manifeste s’adresse à trois catégories d’acteurs, chacune porteuse d’un levier d’action complémentaire :
Aux candidats municipaux : faire du bien manger un axe programmatique
Candidates et candidats aux élections municipales 2026, signez le Manifeste et engagez-vous publiquement à mettre en œuvre ces 10 propositions durant votre mandat. Les familles attendent des actes concrets, pas des promesses électorales. Une cantine de qualité, c’est la promesse d’enfants heureux, de parents confiants et, par ricochet, d’électeurs satisfaits.
Aux professionnels : apporter caution et expertise
Acteurs de l’alimentation, de la santé, de l’éducation, du développement durable : apportez votre soutien institutionnel au mouvement. Votre expertise technique et scientifique renforce la crédibilité du Manifeste et facilite son essaimage sur l’ensemble du territoire national.
Aux citoyens : faire pression démocratique
Parents, grands-parents, citoyens sensibles à l’avenir de nos enfants : partagez le Manifeste dans vos réseaux, interpellez vos candidats locaux, faites de la qualité de la restauration scolaire un critère de vote. La démocratie locale se construit aussi par la capacité des citoyens à imposer les sujets qui comptent vraiment.
Une démarche méthodologique éprouvée
L’approche portée par l’Association de l’Alimentation Durable s’appuie sur une méthodologie rigoureuse, forgée notamment à travers le programme AFCC (Arts de Faire Culinaires au Collège), projet à valeur probante évalué dans le cadre d’une recherche-action longitudinale de trois ans. Cette expertise garantit que les propositions formulées sont non seulement souhaitables sur le plan théorique, mais surtout applicables et efficaces sur le terrain.
Les valeurs qui guident l’action de l’Association sont claires :
- Sensibiliser : développer l’esprit critique et l’autonomie alimentaire, responsabiliser l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire
- Valoriser : promouvoir la saisonnalité, le bio-local, l’ancrage territorial et l’histoire gastronomique, tout en évaluant et communiquant les résultats
- Fédérer : mobiliser tous les acteurs du territoire (ministères, fondations, professionnels, associations) et connecter les projets aux réalités du quotidien sans injonction ni jugement
L’urgence d’agir
Une cantine de qualité n’est pas un luxe, c’est un droit. C’est la garantie d’enfants en bonne santé, épanouis et préparés aux défis alimentaires de demain. C’est la promesse de parents rassurés sur la qualité de l’école de la République. C’est l’engagement d’une société qui fait de la santé publique et de la transition alimentaire des priorités concrètes, pas des slogans.
En cette période pré-électorale, chaque acteur du territoire dispose du pouvoir de faire bouger les lignes. Les outils existent. Les solutions sont documentées. Les résultats sont probants. Il ne manque plus que la volonté politique et l’engagement citoyen.
Pour nos futures générations gourmandes et notre belle planète, il y a urgence.
À vos assiettes, prêts, agissez !
👉 Consultez, signez et soutenez le Manifeste pour le bien manger à l’école :
Parce qu’il faut être nombreux et convaincus autour de la table pour faire bouger les choses !
Pour en savoir plus sur l’Association de l’Alimentation Durable, ses actions et ses valeurs :
www.associationalimentationdurable.org
[email protected]
